“Juppé connaît mieux Bitcoin que vous”
Bitcoin, Blockchain, avec ou sans majuscules…vous en avez forcément entendu parler. Si si, c’est ce-truc-révolutionnaire-qui-va-ubériser-uber, qui a l’air plutôt technique, et franchement obscur.
Vous n’avez trouvé personne pour vous convaincre à quoi pouvait bien servir ce que l’on annonce parfois comme l’« l’Internet 2.0 », ou « la mort de l’Etat »? Je vous propose donc un kit de survie en milieu tech-hostile pour comprendre la technologie grâce au décryptage des notions clés, à la présentation de cas d’usages vraiment concrets et leurs implications sociétales, et les témoignages d’acteurs de l’écosystème français, qui si-si-je-vous-jure, est très dynamique.
Et avec un peu de chance, vous réussirez à maîtriser le sujet aussi bien qu’Alain Juppé, qui serait, paraît-il, « incollable sur les blockchains ». C’est Challenges qui le dit (n°477 du 12.05.2016)!
Allez, on commence par la base de la base: Bitcoin et bitcoin
Au commencement fut Satoshi
15 septembre 2008: Lehman Brothers s’effondre, et les dommages collatéraux de sa chute nous suivent encore aujourd’hui. Un développeur informatique anonyme, Satoshi Nakamoto (non, ce n’est pas un personnage Pokemon), commence alors à travailler sur un moyen de paiement qui permettrait de s’affranchir du système financier actuel, et d’envoyer un uppercut aux banques.
Après de nombreux échange sur des forums spécialisés, ainsi qu’un White Paper, Satoshi Nakamoto rend public le « genesis block » le 3 janvier 2009, c’est à dire la première preuve de transaction en bitcoins. C’est donc l’acte de naissance officiel de Bitcoin, programme informatique permettant l’échange d’une monnaie virtuelle: le bitcoin. C’est aussi la consécration de notre ami Satoshi, véritable gourou de la communauté Bitcoin ayant disparu sans laisser de trace, mais, paraît-il, avec un matelas confortable de bitcoins…
Payer sans intermédiaire
Le bitcoin est donc une monnaie virtuelle expérimentale, qui existe indépendamment du système financier actuel: c’est une monnaie qui s’échange entre personnes effectuant une transaction, sans aucun intermédiaire.
Historiquement, l’intermédiaire d’une transaction, c’est une banque. Son rôle est simple: identifier l’acheteur et sa capacité à payer, identifier ensuite le vendeur, puis transférer les fonds. En d’autres termes, cet intermédiaire est une garantie apportée aux parties, qui n’ont plus besoin de se faire confiance pour réaliser des échanges. La banque joue le rôle de tiers de confiance.
Bitcoin et confiance ?
Là où Bitcoin change la donne, c’est que cette confiance repose dorénavant…sur le programme informatique lui-même!
Cette confiance est rendue possible grâce à plusieurs caractéristiques clés:
- Les transactions sont vérifiées et validées par le programme informatique
- Elles sont ensuite enregistrées sur une base de données géante, dont chaque ordinateur connecté au réseau Bitcoin possède sa propre copie mise à jour
- Une fois enregistrées, ces transactions sont irréversibles
Retenez enfin que tout cela est parfaitement sécurisé, grâce à de la cryptographie (pensez à ENIGMA pendant la Seconde Guerre Mondiale), mais surtout grâce au caractère partagé de la base de données: on estime aujourd’hui que l’ensemble des ordinateurs de la NASA ne seraient pas suffisants pour corrompre UNE transaction!
Que faire avec des bitcoins?
Drogues, armes, faux papiers d’identité, assassinats…les bitcoins se sont rapidement révélés être très utiles pour faire ses emplettes sur le dark web, car l’identification des parties est compliquée, d’où une réputation sulfureuse. D’ailleurs, il n’est pas anodin de voir que les banques ou gouvernements n’utilisent jamais le terme « bitcoin » et lui privilégient celui de « blockchain »: un tour de passe-passe pour redorer l’image du rejeton trublion d’une technologie révolutionnaire?
Grâce à la hype entourant Bitcoin, une myriade de sites d’e-commerce spécialisés proposent d’acheter et vendre en bitcoins, et d’autres grandes enseignes suivent peu à peu la tendance, majoritairement en ligne (Expedia, Rakuten ou encore Paypal font partie des précurseurs).
Dernier usage, hélas le plus courant: Bitcoin est victime de son succès et a succombé à un phénomène financier qu’il cherchait en partie à abattre: la spéculation. Et le fait de n’avoir qu’un nombre prédéfini de bitcoins mis en circulation — 21 millions à terme — n’est sans doute pas étranger au phénomène.
Pour conclure, l’essentiel en quelques points:
- Bitcoin est un programme informatique permettant l’échange de bitcoins, une monnaie 100% virtuelle
- Cette monnaie est révolutionnaire en ce qu’elle permet de se passer de tout intermédiaire (le tiers de confiance) lors de transactions entre différentes parties
- Ce tiers de confiance devient en réalité le programme lui-même, en ce qu’il vérifie, valide, et compile les transactions sur une base de donnée publique distribuée sur chaque ordinateur du réseau
- La sécurité du tout est assurée par de la cryptographie et le partage de la base de donnée
Et en bonus…quelques anecdotes pour conclure en soirée:
- 1% des propriétaires de bitcoins détiendraient 99% du total des bitcoins en circulation
- La première pizza achetée en bitcoins en 2010 coûterait aujourd’hui 5 millions d’euros
- Près de 50% des bitcoins en circulation en 2013 servaient à conclure des transactions sur le site The Silkroad (l’Amazon de la drogue, fermé depuis)
- Fan des Spice Girls? Mel B est la première artiste à avoir accepté des bitcoins pour sa musique
Vous souhaitez approfondir et en apprendre plus sur les blockchains? Jetez donc un coup d’oeil à un autre de mes articles: “Comment les blockchains rendent presque glamour les bases de données”!
